Renforcer la diversité journalistique, mais pas faire des cadeaux !

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Description

L’Union syndicale suisse (USS) salue l’intention du Conseil fédéral de renforcer le soutien accordé aux médias du pays. Mais les mesures à cet effet doivent aider à préserver la diversité journalistique en ne pas être un cadeau pour les entreprises de médias générant d’importants chiffres d’affaires comme tamedia, Ringier et NZZ-CH Media !

Pour l’USS, il est clair que seules doivent bénéficier d’un encouragement pour leurs offres les entreprises de médias soumises à une CCT qui garantit l’indépendance de leur rédaction et des bonnes conditions de travail aux personnes actives dans ce secteur. Désormais, les entreprises qui veulent être soutenues devront prouver qu’elles s’engagent pour la diversité journalistique et une couverture médiatique de grande qualité. Un transfert des bénéfices à des privés, dans les secteurs encouragés, doit être interdit.

Aujourd’hui, le marché des médias est contrôlé en Suisse par encore quatre entreprises de médias. Et toutes misent sur la même stratégie : rédactions centrales, suppressions d’emplois et pages communes. La diversité journalistique est en train de rapidement disparaitre, une évolution qui menace le système de la démocratie directe de la Suisse.

L’USS est soulagée de voir que le Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication (DETEC), placé sous la direction de la conseillère fédérale Simonetta Somaruga, propose maintenant des mesures pragmatiques et rapidement réalisables, et renonce à une nouvelle loi sur les médias. En raison de la chute des recettes publicitaires de la TV, il est juste de ne pas plafonner la redevance versée pour la SSR. La plus importante entreprise de médias de service public fournit de fait une contribution indispensable à la fourniture d’informations et de contenus culturels à la population et ne doit précisément pas être affaiblie aujourd’hui.

L’augmentation de 20 millions de francs envisagée par la conseillère fédérale du rabais sur la distribution postale ne suffira cependant pas pour réellement alléger la charge des petits journaux indépendants. Et si le plafonnement du tirage actuellement en vigueur devrait être levé pour les grands journaux et les têtières, la diversité journalistique ne s’en trouvera pas soutenue.

L’aide financière des offres en ligne est nécessaire et urgente, et l’USS s’en félicite, car ce canal est devenu essentiel pour le journalisme d’information. Mais ici aussi, les conventions collectives de travail existantes, la qualité de la couverture médiatique et l’indépendance rédactionnelle sont les critères sur lesquels l’encouragement doit s’orienter. Et pas la question de l’existence d’un « paywall » (péage de lecture numérique).

Les entreprises de médias sont désormais invitées à investir dans la qualité journalistique et à arrêter de supprimer des emplois dans les rédactions. Cela s’applique précisément aux quatre entreprises qui contrôlent actuellement le marché suisse des médias. L’USS espère que la Suisse alémanique et le Tessin auront enfin à nouveau une convention collective de travail (CCT) garantissant des salaires et des honoraires. Il est plus que temps que les éditeurs reconnaissent le partenariat social !

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Français

Date

2019

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