Les déchets militaires : De la conception aux impacts territoriaux

Auteur(s)

Charriere, Elodie

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Beschreibung

Classiquement, la notion de déchet est articulée autour de deux concepts distincts : les déchets ménagers et les déchets industriels. Etant donné le polymorphisme de cette notion et les nombreuses représentations lui incombant, le terme de déchet s’est construit autour de diverses catégories établies dans une triple logique : (i) en fonction de leurs sources de production – déchets industriels, déchets agricoles, déchets hospitaliers, déchets ménagers ; (ii) en fonction de leur consistance – déchets solides, déchets liquides, déchets verts, déchets métaboliques ; (iii) en fonction de leur nocivité ou non – déchets nucléaires, déchets dangereux, déchets inoffensifs, déchets résiduels. Il existe donc au titre de leur classification mais aussi de leurs usages et finalités, un nombre infini de nomenclatures qui a pour objet de répertorier, classer, prioriser, sélectionner les déchets pour mieux les gérer. Tardivement intégré dans la réflexion, le déchet militaire ne semble pas avoir encore aujourd’hui acquis une place clairement située et explicite dans les différentes nomenclatures de catégorisation des déchets nécessaires pour définir le cadre technique de l’action publique. L’analyse comparative de différentes nomenclatures nationales en témoigne largement. Si chaque guerre et chaque période de retour à la paix ont, après un réarmement, généré leurs propres déchets, la question de leur gestion publique ne fait pas l’objet de solutions et de dispositifs convergents. Les nécessités de reconstruction d’après-guerre et de relances économiques justifient la destruction des munitions ou encore leur démantèlement et leur recyclage. Dans d’autres cas, l’enfouissement – terrestre et/ou aquatique – s’est imposé comme une « solution écologique » de courte vue. Dans d’autres situations, la soustraction pure et simple de territoires sinistrés est apparue comme la seule solution acceptable. L’objet de cette conférence est de porter notre regard sur la problématique des déchets militaires dans un double objectif : 1/ Comprendre en quoi la notion de déchet militaire a résisté à toute forme de conceptualisation intellectuelle mais aussi institutionnelle durant la seconde moitié du XXème siècle. Nous partons de l’hypothèse que cet obstacle épistémologique remonte à l’origine d’une impossibilité d’inscrire cette question comme une question environnementale et sociétale mais aussi du fonctionnement même de l’armée. Pour saisir le particularisme de cette notion, une comparaison sera menée entre la conception de « munitions militaires » dans le système suisse et dans celui français. 2/ Comprendre la multitude des solutions adoptées pour traiter un déchet qui, pendant longtemps, n’en a eu ni le nom ni le statut. Il sera ici question d’illustrer l’ambivalence de l’aménagement des territoires des déchets militaires en prenant exemple des conflits de l’après Seconde Guerre mondiale et du multilatéralisme de l’après guerre froide. Alors qu’une pratique, largement généralisée et sans réflexion sur l’aménagement du territoire, a conduit à l’immersion d’armements chimiques et conventionnelles en tout point d’eau, d’autres pratiques ont été menées afin d’aménager le territoire pour traiter ces déchets, comme avec la construction d’usines de démantèlement. Tandis que la première catégorie devait permettre un oubli définitif (Out of sight, Out of mind), ces déchets sont réapparus sur la scène politique, et ont dans certains cas, relancer le débat sur leur gestion, sur les risques liés à leur immersion ainsi que sur l’aménagement des zones d’immersion. Cette étude scientifique souhaite mettre en lumière une catégorie de déchets spécifiques, les déchets militaires, en la caractérisant avec un cas d’étude précis, à savoir les surstocks d’armement issus de conflits armées.

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Langue

Français

Datum

2017

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