Les déchets militaires dans les lacs suisses : Des pollutions en héritage aux enjeux d’une gestion résiliente des territoires

Auteur(s)

Charriere, Elodie

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Beschreibung

Bien que neutre, la Suisse s’est retrouvée dans la nécessité de s’armer pour faire face aux menaces de la seconde guerre mondiale. La paix revenue, elle a disposé d’un important stock d’armement. Deux catastrophes – mai 1946 et décembre 1947 – entourant le stockage terrestre de munitions enclenchent le processus public de décision relatif à la gestion de cet excédent. Pour faire face aux risques liés aux stockages terrestres, une solution, largement répandue auprès des puissances belligérantes, sera adoptée en Suisse, à savoir l’immersion des munitions. Ce choix s’est rapidement imposé, notamment pour diminuer les risques liés aux conditions de stockage des munitions. A l’époque, aucune considération environnementale quant aux pollutions terrestres et/ou lacustres n’ayant pu être soulevée, le dépôt des munitions au fond des lacs ne soulève en aucune manière la question du déchet ni la question des pollutions éventuelles. Avec l’émergence au milieu des années 1960 de la question environnementale, la pratique qui relevait du « bon sens » décisionnel est progressivement interdite. Il faut attendre le début des années 1990 avec la découverte par des plongeurs dan le lac de Thoune et du lac Léman de munitions en dépôt sur les sédiments lacustres pour que le secret entourant les munitions immergées soit partiellement levé. L’objet de notre intervention aura pour objet de s’interroger sur le dépôt des munitions dans les lacs suisses dans une quadruple perspective : 1. En quoi peut-on ou non qualifier ces dépôts en termes de déchets industriels en référence à la loi suisse sur la définition du déchet industriel ? L’enjeu est de taille, la qualification ou la non qualification en termes de déchet industriel est ce qui conditionne l’activation même ou la non-activation de l’action publique au nom du principe de la responsabilité environnementale. 2. En quoi l’invisibilité du problème – hormis les plongeurs – rend-t-elle le risque et la menace politiquement et socialement invisible ? Si la sécurisation des munitions stockées sur terre, dans des abris et réserves, est pleinement assumée, en quoi l’invisibilité empêche-t-elle une sécurisation pourtant nécessaire des munitions immergées ? 3. Quels sont les paradoxes de cette « potentielle pollution silencieuse » ? En quoi une pollution invisible et silencieuse rend plus difficile son traitement tant au niveau scientifique, qu’au niveau politique ? 4. Que nous disent les scientifiques sur la menace potentielle ou réelle ? Comment les acteurs institutionnels s’efforcent-ils de gérer le problème dans cette invisibilité et le silence pesant qui entoure cette question ? De quelle résilience institutionnelle les acteurs publics peuvent-ils se prévaloir pour agir aujourd’hui ? Cette étude historique cherche à mettre en lumière un cas spécifique de pollution silencieuse issue de l’héritage industriel de la production d’armement en Suisse. Pour ce faire, cette étude est réalisée avec une confrontation de sources combinant des entretiens semi-directifs, l’analyse de rapports issus du domaine des sciences sociales – histoires environnementales et militaires, sciences politiques – ainsi que de recherches menées dans les archives – de journaux, d’administrations fédérales et cantonales.

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Langue

Français

Datum

2017

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