Via l'analyse de l'économie politique associée à une réforme institutionnelle au Vietnam, cette thèse explore les enjeux politiques liés à un projet visant à améliorer la fourniture de services publics à la population au niveau communal. En particulier, cette réforme a pour objectif d'améliorer la performance des activités administratives et politiques, en vue de contribuer à l'instauration d'une administration opérant dans l'intérêt des citoyens, réduisant ainsi les dérives autoritaires des élus et fonctionnaires locaux. L'analyse suggère que malgré la volonté politique des autorités centrales et du parti, le cadre institutionnel ne permet pas l'adoption de la reforme conformément aux directives des autorités centrales : les élus locaux, agissant dans un cadre institutionnel peu contraignant, arrivent ainsi à partiellement saboter l'adoption de la réforme.
War is a puzzle because, if states were rational, they should agree on their differences in power and reach a solution that avoids the costs of fighting. However, this thesis argues that states are only as rational as the men who lead them, who are well established to suffer from psychological "positive illusions" about their abilities, their control over events, and the future. I examine the effects of positive illusions on four turning points in twentieth-century history: two that erupted into war (World War I and Vietnam); and two that did not (the Munich Crisis and the Cuban Missile Crisis). In the two crises, I show that positive illusions were held in check, and thus avoided war. In the two wars, by contrast, I show that positive illusions substantially influenced politics, causing leaders to overestimate themselves, underestimate their adversaries, and resort to violence to settle a conflict against unreasonable odds.
Le concept de transparence est une notion fourre-tout tant dans le domaine du management public que dans celui de la gouvernance. Il en va de même des textes réformistes se basant sur la Nouvelle Gestion Publique (NGP). Il convient de clarifier ce concept. Nous proposons la définition suivante: la transparence est un mode d'organisation et d'action étatique visant à réduire la non-réversibilité des échanges entre son administration et ses citoyens. Elle combine trois courants: la transparence communicationnelle, budgétaire et comptable ainsi que la transparence administrative. La transparence est caractérisée par six dimensions et onze fonctions. Nous étudions ensuite les limites juridiques posées par les législations américaine, suisse et genevoise, les limites "managériales" - sous l'angle de la NGP - et les limites éthiques de notre concept de transparence. Nous concluons que la transparence ne peut pas exister dans toute son étendue et, qu'à certains égards, elle ne serait qu'un leurre.
Définir la structure internationale contemporaine comme unipolaire est devenu un fait accepté par l'ensemble de la communauté scientifique. Cependant, qu'entend-on par unipolarité? En d'autres termes, comment la structure unipolaire affecte-t-elle le comportement de la puissance hégémonique? Cette thèse tente d'apporter un cadre d'intelligibilité permettant de mieux comprendre l'unipolarité et ses conséquences sur la politique internationale. Pour ce faire, elle propose une nouvelle approche théorique intitulée "Hard-Line Realism" mettant en exergue certaines "tendances lourdes" de l'unipolarité. En se basant sur deux grandes études monographiques, à savoir, la politique européenne de sécurité et de défense ainsi que la guerre en Iraq, cette thèse met en exergue le fait que l'unipolarité a des conséquences importantes sur les stratégies de maximisation de puissance de l'hégémon. Elle teste également la logique causale de théories alternatives (réalisme offensif/défensif et libéralisme structurel).
Le "Röstigraben" lors des votations fédérales est un thème récurrent dans les médias suisses. Tout d'abord, nous proposons des indicateurs permettant de mesurer l'ampleur réelle du phénomène, en tenant compte de deux aspects : premièrement, l'écart de vote entre Alémaniques, Romands et Suisses italiens et deuxièmement, la minorisation d'une région linguistique par une autre. La deuxième partie est consacrée à une analyse de contenu des principaux quotidiens suisses de langue allemande, française et italienne au lendemain des votations de 1980 à nos jours. En partant de la théorie des problèmes publics (Social problems), nous montrons la manière dont le fossé linguistique est dé(construit) dans les médias. Enfin, dans la troisième partie, nous nous intéressons aux principaux thèmes de divergences entre régions linguistiques ainsi qu'aux différences de valeurs et d'attitudes qui sous-tendent les différences de vote.
Depuis le traité de Maastricht, signé en 1991, l'Union auropéenne s'est dotée d'un instrument nouveau, la Politique étrangère et de sécurité commune (PESC), dont le concept a ensuite été renforcé dans le traité d'Amsterdam, signé en 1997. La PESC, depuis le début des années 1990, est ainsi devenue un phénomène en gestation continue. L'objectif de cette thèse de doctorat repose sur les deux axes suivants:. - La Politique étrangère et de sécurité commune de l'Europe (PESC) est un élément dynamique de la création et du développement de l'identité européenne, en dépit des difficultés à faire parler l'Europe d'une seule voix. - Dans cette optique, les discours politiques, relayés par les médias et les divers véhicules de communication, sont considérés comme autant d'actes de parole, et partant, d'actes de pouvoir, qui participent à la construction sociale et identitaire de l'Europe. Cette thèse a analysé la PESC "au travers" des discours sur la PESC comme autant d'éléments qui, peu à peu, façonnent l'identité européenne, elle-même en formation continue.
Cette étude analyse les structures de décision dans la politique suisse au début du 21e siècle. Elle se base sur l'analyse approfondie des 11 processus de décision les plus importants entre 2001 et 2006. Les structures de décision représentent la distribution du pouvoir et les relations entre les coalitions d'acteurs dans le cadre de processus de décision politiques. Dans un premier temps, les différentes structures de décision sont décrites à l'aide d'une nouvelle typologie. Dans un deuxième temps, le travail étudie les combinaisons de conditions selon lesquelles certaines structures de décision apparaissent. L'analyse montre que le système suisse de concordance et consensus semble toujours fonctionner, même si la manière de parvenir à des solutions a changé.
Cette thèse a pour but de développer un cadre théorique pour penser la distribution des ressources socio-économiques. Prenant l'occasion d'un parcours théorique critique, cette thèse cherche à montrer que seule une juste distribution adéquate qui prendrait la forme de l' "égalité des dotations initiales" serait optimale pour répondre aux questionnements qui entourent l'individualité moderne. Ces questionnements posent l'objectif réaliste de penser la théorie politique dans un langage "complexe" tant sur la nature de l'intériorité de l'individu que sur le contexte qui entoure le développement de ses aptitudes (proposition individualiste et contextualiste). Cette thèse entend renouveler la manière d'aborder la distribution des ressources socio-économiques en affirmant que seule la compréhension de cette complexité peut amener des résultats efficaces en matière de justice sociale. Pour cela, nous identifions un concept interprétatif central, l'individu bénéficiaire, qui permet de gérer l'articulation nécessaire entre la réalité du monde objectif et les impératifs normatifs pour organiser la distribution.
Le travail vise à expliquer les conditions sous lesquelles les citoyens suisses activent différents processus cognitifs lors des votations fédérales (période 1999-2005). En suivant les modèles dualistes en formation de l'opinion (Eagyl and Chaiken 1993; Petty and Cacioppo 1986), on a discriminé entre processus cognitifs exigeants (vote systématique) et raccourcis simplificateurs (heuristique partisane et de confiance). L'activation de ces processus lors de la formation de l'opinion individuelle est ici expliquée simultanément à travers des caractéristiques individuelles (sophistiction politique, essentiellement), et contextuelles (intensité et contenu des campagnes politiques lors de la formation de l'opinion). Afin de répondre à nos hypothèses, une série de modèles multiniveaux (Snijders and Bosker 1999) a été réalisée sur la base de données individuelles post-scrutin (VOX data) et de données originale retraçant le contenu des campagnes politiques avant les scrutins. Nos résultats, qui confirment partiellement nos hypothèses, montrent que l'intensité des campagnes n'a pas d'effet majeur sur l'activation des processus cognitifs, contrairement à certaines dimensions de son contenu (surtout niveau de justification des arguments et présence de negative campaigning).
L'Union européenne ambitionne de faire de la Politique européenne de sécurité et de défense un ensemble unique où les capacités civiles et militaires interviendraient en parfaite complémentarité dans les zones de crise. Faute de lentilles conceptuelles adéquates, le volet civil de la PESD demeure pourtant largement méconnu et sous-étudié. Cette recherche défend la thèse que c'est la rationalité stratégique qui est la plus à même d'appréhender les spécificités et les potentialités de la "gestion civile des crises" développée dans le cadre de la PESD. Seule la stratégie relie dans une chaîne logique les fins politiques et existentielles de l'Union aux aspects praxéologiques et opérationnels de la gestion civile des crises. La démarche stratégique permet enfin de cerner son essence qui a trait à l'action finalisée en milieu conflictuel. Au service de la politique étrangère de l'UE, la gestion civile des crises apparaît dès lors comme un outil politico-stratégique par excellence.