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«Impossible à financer!» - Voilà la réaction instinctive à presque toutes les propositions allant en direction d'une société plus juste (ou un peu moins injuste). Mais ce que l'on considère comme possible ou impossible à financer dépend toujours de jugements de valeur concernant ce qui est prioritaire et ce qui l'est moins et donc de présupposés normatifs. Dans la Realpolitik, comme on l'appelle, les disputes concernant la répartition des moyens financiers occupent le premier plan, tandis qu'à l'arrière plan s'affrontent des conceptions du monde, des projets de vie et des idéaux de société inconciliables. Dans un pêle-mêle inextricable de questions fondamentales d'orientation - À l'avenir, comment voulons-nous vivre ensemble une vie réussie et juste ? - et de questions pragmatiques de faisabilité - Comment réaliser concrètement et financer cela ? - les idées et orientations nouvelles restent bien trop souvent sur le carreau.
Pour y remédier, on peut tout d'abord essayer de démêler les choses mentalement. Avant de pouvoir discuter de manière sensée des possibilités de financement et de leurs limites, il faut clarifier ce qui est en jeu. Dans ce but, il est utile de séparer la question qualitative de la signification fondamentale d'une idée comme celle du revenu de base, dans la perspective d'une société capable d'avenir, de la question quantitative de sa réalisation graduelle, donc du montant concret d'un revenu de base.